BAKIRAH

JOAN EST HORRIBLE

I N C R O Y A B L E ! Une entrée en matière remarquable et je n’attendais pas moins des réalisateurs. La tension monte crescendo et au fur et à mesure qu’on avance dans la série, on se demande ce que tout cela signifie ? Et ils ont décidé de parler des problèmes plus qu’actuels auxquels n’importe qui peut faire face : le deepfake, les conditions générales, l’usurpation d’identité et le voyeurisme. Ce n’est certes pas la première fois que Black Mirror aborde ces sujets-ci (hormis le deepfake il me semble), mais c’est bien la première fois qu’ils le mettent à la sauce Netflix… ou devrais-je dire « Streamberry« . Combien sommes-nous à avoir déjà accepté des conditions d’utilisation sans les avoir lus en entier ? Combien sommes-nous à nous exposer sur les réseaux sociaux, sans vraiment faire attention à qui nous regarde, qui nous follow et qui nous suivons ? Grâce aux ou à cause des réseaux sociaux, nous avons presque tous un pied et les deux yeux les uns chez les autres. Alors oui, cela peut paraître cool, fédérateur et divertissant parfois, mais en prenant le temps de lire les conditions implicites… Est-ce vraiment une bonne chose ? Pouvons-nous encore nous cacher ou est-il déjà trop tard ?

J’ai adoré le fait qu’il y ait plusieurs dimensions et que les scénaristes aient décidé dès le début de nous faire suivre une des fausses Joan. J’apprécie aussi énormément le fait qu’il y ait des stars placées au même niveau que les personnes lambda. Ça montre qu’elles aussi peuvent se faire avoir et qu’il y aura toujours quelqu’un de plus haut placé ou de plus mesquin et déterminé à nous faire du mal. Bien que contrairement aux anonymes, elles [les célébrités] sont payées ! Un vrai délice ce premier épisode. Hâte de découvrir le suivant !

LOCH HENRY

Au début, j’avais un peu peur, que ce ne soit juste qu’un bon thriller. Mais bien sûr, c’est mal connaître les scénaristes et réalisateurs, depuis le temps, je devrais le savoir. Tout est toujours affaire de regard, de perception et de reflet avec cette franchise. Et la fin nous le rappel bien. Cet épisode m’a fortement fait penser à l’épisode Quinze millions de mérites, qui est également le deuxième épisode de la saison une. Je ne l’ai pas précisé, mais depuis le premier épisode il y a des références implicites à d’anciens épisodes, ou l’univers Black Mirror en lui-même, à travers la musique par exemple. La chanson « Anyone who knows what love is » d’Irma Thomas qui est désormais une chanson emblématique de l’univers Black Mirror, jouait en fond dans le bar où Joan rencontre Mac dans l’épisode 1.

LOCH HENRY est excellent ! Cela dit, pour moi, il aurait eu un plus gros impact si Pia était restée vivante et que Davis décède. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est elle qui insistait pour faire ce film. Si elle avait subi les conséquences de sa détermination et de son entêtement (?) cela aurait été plus poignant pour moi, et ça ressemblerait plus à une fin signée Black Mirror. Hormis ça, l’épisode est excellent et il montre une fois de plus que, le malheur des uns, fait le bonheur des autres.

MON COEUR POUR LA VIE

Maintenant, j’en suis certaine. Il y a un parallélisme entre la saison 1 et les trois premiers épisodes de cette saison 6. Peut-être pour nous signifier que Black Mirror arrive à son terme ? Que la boucle est bouclée ? Pourquoi je vous dis ça ? Je vous invite à (re)regarder les trois premiers épisodes de la première saison et vous comprendrez tout de suite où je veux en venir. Les personnages vivent sensiblement la même chose sans pour autant que cela soit la même histoire. Cela ne gâche en rien le plaisir au contraire. Et quel troisième épisode cette nouvelle saison nous offre !! Au bout de 30 minutes, on voit dans quel genre de pétrin Cliff & David vont se foutre. J’ai failli verser une larme au début, tant l’épisode commence fort et rapidement. On est tout de suite happé par l’histoire. Personnellement, j’ai décidé de ne lire aucun résumé, afin d’avoir la surprise de découvrir chaque épisode. Et je ne regrette pas ce choix, car cela stimule mon imagination et mes neurones. Jusqu’ici, c’est l’épisode pour lequel j’ai fait le plus de spéculations. Et sans surprise, la fin est perturbante, mais pas que. Je ne pensais pas que ça irait aussi loin dans le tragique.

En toute franchise, je m’attendais à ce que David tue, Cliff ou à ce qu’il fasse des choses intimes avec sa femme et qu’une ellipse de quatre années nous montre David et Lana mariés avec des enfants et éventuellement Cliff qui projette de les assassiner. Bon ok, ma version n’est pas plus glorieuse, mais je reste tout de même stupéfaite. Car c’est violent, c’est absurde, c’est macabre et le pire dans tout ça, c’est que je ne sais pas quel personnage masculin me rebute le plus. Celui dont la prétention fait pitié et qui n’est pas capable de se rendre compte de sa chance ? Ou celui qui afflige à son collègue le même sort que lui ? Dans les deux cas, ces hommes me font de la peine. Et ça, c’est bien la marque de fabrique de Black Mirror ; Réussir à provoquer de l’empathie pour des personnages qui semblent à première vue abjecte.

MAZEY DAY

Bon ! Il fallait bien un épisode qui ne soit pas aussi incroyable que les autres et ce sera donc Mazey Day. Épisode néanmoins sympa, s’il n’avait pas été proposé pour une saison de Black Mirror, je l’aurais d’autant plus appréciée (peut-être à sa juste valeur ?). Mais je ne peux m’empêcher de le comparer aux précédents et pour moi, il n’a pas totalement sa place. Ou peut-être bien que je ne le comprends pas comme il faut. Bien qu’il soit dynamique, original, surprenant et audacieux, il lui manque un petit quelque chose. Certes, la morale de l’histoire est évidente, néanmoins, elle n’est pas pour autant aussi explicite, inattendue et désorientante que les autres. Je veux dire, des paparazzi prêts à tout pour avoir LE cliché quitte à faire du mal à autrui, on sait que ça existe. Il manque ici, la projection et la possible identification, voire compassion que l’on a en général pour les personnages principaux. Avec nos téléphones portables, nous sommes tous plus ou moins des paparazzi des temps modernes, mais je ne me sens pas connectée à Bo. Je ne ressens pas de peine pour ce qui lui arrive. Mais j’en ressens pour Mazey. Sachez que j’ai tout de même passé un bon moment devant l’épisode quatre.

DEMON 79

Le dernier épisode de cette saison est selon moi une petite pépite ! Un très bon film qui parle de racisme, domination, propagande et vengeance. Seulement, il lui manque à lui aussi ce petit je ne sais quoi, qui ferait de lui un épisode évident de Black Mirror. Peut-être faisons-nous face à une nouvelle direction ? Ici, il s’agit juste d’un bon épisode de série alliant fantastique, surnaturel et thriller. Ce qui reste une bonne chose ! De plus, je pense que c’est l’épisode qui possède le plus de significations cachées, bien plus profondes qu’il n’y paraît. De ce fait, je pense que je le regarderais une deuxième fois en portant encore plus attention aux détails.

De toute évidence, le fait que Nida soit une jeune femme seule et solitaire, issu d’une minorité, vivant dans un coin un peu reclus, ou les autres ont du mal à la tolérer et qui du jour au lendemain communique avec un démon lui sommant d’exécuter trois sacrifices humains, sinon ce sera la fin du monde, est tout de même un scénario assez lourd de sens. La fin du monde, c’est tout le monde qui la subit. Nous sommes donc tous sur un pied d’égalité. Gaap, le démon lui donne les conditions et nous pouvons constater au fur et à mesure que l’épisode se déroule que les démons là-haut, ceux qui ont plus de grade dans la hiérarchie sont conscients d’être des êtres horribles. Ils ont même leurs méchants humains préférés. Ils apprécient les mauvais gens et murmurent à l’oreille des « gentils » pour qu’ils passent du côté obscur. Gaap en anglais cela veut dire : Generally Accepted Accounting Principles – traduction : Principes Comptables Généralement Acceptés ; Et bien que ce lexique semble surtout s’appliquer au monde des finances, il ne reste pas moins l’abréviation de termes et conditions générales. Les conditions générales, c’est souvent le fil rouge des épisodes de Black Mirror. Car nous vivons dans un monde de plus en plus numérisé, de plus en plus digital, les conditions générales font partie intégrante de nos vies. Et l’être humain en a toujours mis un peu partout, que ce soit dans ses interactions sociales, dans les choses matérielles et que celles-ci soient implicites ou explicites.