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L’excellence, nous exempte-t-elle d’être vue comme humain(e) ?
S’il s’avère que je suis meilleure que vous dans un ou plusieurs domaines sur lesquels vous travaillez avec dévotion et que vous cherchez à tout prix à maîtriser, mais face auxquels vous rencontrez des difficultés d’apprentissage et de faibles succès, arriveriez-vous à être bienveillant envers moi, sans qu’il ne vous en coûte ?
Si vous me trouvez médiocre, mais qu’étonnement un certain nombre de personnes dans votre entourage m’apprécient et m’admirent, votre sentiment envers moi sera-t-il amené à changer dans le positif ou dans le négatif ?
Je me permets de vous poser ces questions, car il est important pour vous-même de savoir dans quelle catégorie vous vous trouvez. Alors, non ! Il n’existe pas que ces deux catégories-là, mais ce sont celles qui correspondent le plus au sujet du jour. Sujet qui n’était pas programmé et que je n’avais pas particulièrement envie d’évoquer, car trop spécifique pour que quiconque selon moi, y trouve quelque chose d’intéressant à apprendre. Mais que pourtant, je maîtrise puisqu’il s’agit de Beyoncé. Ou plus précisément de sa place au dans les sociétés passées et celle actuelle. Depuis bientôt presque 35 ans de travail acharné (les Destiny’s Child ayant vu le jour en 1990), Beyoncé a depuis le début de sa carrière solo (2003), toujours engendrer énormément de controverses. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de l’animosité quasi-viscérale que cette femme engendre (malgré elle) contre sa propre personne.
Si vous n’êtes pas présents sur les réseaux sociaux, il y a très peu de chances pour que vous soyez au courant que la chanteuse a récemment sorti (le 20 février dernier) sa marque de produits capillaire nommée Cécred. Bien sûr, comme à chaque événement médiatique la concernant, l’engouement a rapidement laissé place à la spéculation et quelques petites polémiques. Notamment, concernant son plan marketing, et aussi sa légitimité à sortir une gamme de produits capillaire. Des questionnements tout à fait raisonnable venant de la part des internautes et des consommateurs. Toutefois, est-ce que Cécred doit être vue et accueillie comme n’importe quelle autre marque de cheveux/soin disponible en grande surface ? Ou Beyoncé Knowles-Carter étant la superstar internationale qu’elle est, n’a le droit d’être jugé que sur une échelle de valeurs plus haute que la moyenne ?
Bien que ces interrogations soient intéressantes, et très certainement capitales pour un consommateur régulier, cette partie du sujet n’est pas fondamentalement le cœur du problème selon moi. Aujourd’hui avec cet article j’ai plutôt décidé de parler de la signification de Beyoncé dans nos vies personnelles respectives. Oui ! Rien qu’ça.
Croyez-le ou pas, la façon que vous avez de percevoir [Beyoncé] et de parler de Beyoncé révèle plus de choses sur vous qu’il n’en révèle sur elle. Cela est vrai et valable pour pratiquement toutes les personnes qui nous entourent. Vous avez probablement déjà entendu cette citation de Paulo Coelho : « La façon dont tu traites les autres est un reflet direct de la façon dont tu te sens envers toi-même« . Et si vous voulez mon avis, je suis plutôt d’accord avec lui. Maintenant, si parler de personnes qui nous entourent en dit beaucoup sur qui nous sommes, qu’en est-il lorsque l’on parle d’artistes que nous ne connaissons pas personnellement et dont l’excellence est visible et tangible ? Je ne suis ni sociologue, ni anthropologue et ni psychologue, mais je suis sûr de moi lorsque je dis que la haine que reçoit un artiste est très souvent proportionnelle à son talent. Et donc, pourquoi parler de Beyoncé ? J’aurais pu en effet aborder ce sujet par le biais d’une autre célébrité ou sous un angle totalement différent. Mais nous sommes dans la majorité à savoir qui est Beyoncé et à avoir un avis sur elle depuis longtemps. Si je dis son prénom, une image, une chanson ou un clip vous vient directement à l’esprit. Un sentiment est mécaniquement rattaché à ne serait-ce que l’évocation de son prénom.
Vous savez tous ce que je cherche à dire si je dis : « Arrête de faire ta Beyoncé » ou encore, « C’est moi, la Beyoncé du groupe ! ». Ces expressions populaires se sont créées d’elles-mêmes et nous savons tous ce qu’elles signifient !
« B*tch know B, she don’t even need a whole name » – Jay-z, Heard about Us
Le prénom Beyoncé est dans un bon côté rattaché à (sans compter la musique et la danse) l’excellence, l’ambition, l’exigence et la fierté. Ces quatre mots sont des qualités intrinsèques recherchées pour soi par beaucoup d’entre-nous. Cependant, d’un côté beaucoup moins glorieux cette fois, ce fameux prénom et la célébrité qui s’y rapporte, sont liés à la sur-performance, le plagiat, l’arrivisme, la vantardise et l’illégitimité.
Chacun son avis sur cette femme, mais faut-il encore que cet avis soit plausible. Par exemple, dire que Beyoncé est overrated n’a absolument aucun sens.
De mon point de vue, ses détracteurs manquent cruellement de cohérence. Ils ne font pas preuve de beaucoup de recul et surtout, leur mépris de l’artiste les rend hargneux. Je trouve cela révélateur d’un complexe d’infériorité pour certains et de duplicité pour d’autres. Rien de bien méchant, mais pourtant cet acharnement à quelques fois atteint des limites tragiques.
Il va s’en dire que je ne parle pas de ceux qui ne sont pas fans. Mais des haters proclamés et de ceux qui sous couvert d’une sagacité récusable, tentent tant bien que mal de se convaincre que cette femme ne vaut rien.
L’analyste au fond de moi a eu envie de se pencher concrètement sur le cas Beyoncé. Car mine de rien, à des niveaux différents, nous recherchons presque tous une sorte d’excellence. Nous sommes donc presque tous susceptibles de subir des remarques similaires à celles de Queen B. Il est de ce fait, toujours bon de chercher à comprendre le pourquoi du comment.

UNE EXCELLENCE TERNE ?
Bien que son talent soit réel, quoique quelques fois remis en doute, Beyoncé est soumise depuis longtemps à un amour sous condition de la part de certains auditeurs. La Beyhive représente ses fans les plus fidèles et dévoués, mais fort heureusement ses fans ne se composent pas uniquement d’eux. Toutefois, comme toutes les célébrités, elle a également son lot de haters. Les raisons de cette répulsion évoquées par ceux qui ne la portent pas dans leurs cœurs, flirtent très souvent avec l’absurdité. Car hormis le fait de ne pas aimer ses musiques (ce qui est une raison suffisante pour ne pas écouter un artiste), les autres facteurs énoncés sont majoritairement infondés et inexacts. Par exemple, il est souvent dit qu’elle n’échange pas avec sa communauté, qu’elle est froide, distante, qu’elle cherche trop à paraître parfaite, qu’elle ne montre jamais ses vrais cheveux, ou encore qu’elle n’est jamais sincère dans ses démarches politiques et dans ses prises de paroles. En résumé, Beyoncé semble sournoise pour la majorité des personnes qui ne l’apprécient pas.
Or, elle a à ce jour sorti quatre films : 1. The Beyoncé Experience : Live (2007), 2. RENAISSANCE : A Film by Beyoncé (2023), 3. BLACK IS KING (2020), 4. Life is But a Dream (2013) – Elle a décidé d’appeler son quatrième album 4 parce que ses fans ont choisi de l’intitulé ainsi – Elle a sorti deux albums visuels : Beyoncé & Lemonade. Albums d’ailleurs composés de chansons beaucoup plus personnelles que dans les précédents – Elle fait très régulièrement des discours inspirants pour motiver la jeunesse noire américaine (et pas qu’eux) – Elle et Jay-z reversent pas mal d’argent à des associations ; On l’a également déjà vu distribuer de la nourriture à des sans-abris – Elle sort des albums de plus en plus qualitatifs et ses tournées sont toujours aussi incroyables. En bref, si ce n’est pas du partage, de quoi s’agit-il ?
Je ne suis pas là pour affirmer ou infirmer ces dires, car je ne la connais pas personnellement. Néanmoins, je peux constater que beaucoup des choses qui lui sont reprochées, ne le sont pas pour d’autres artistes. Et surtout, énormément de ceux qui ni ne l’écoutent pas, ne prennent ni le temps de chercher des informations complémentaires pour étayer leurs propos, mais également mentent à son sujet en plus d’être hermétique à l’idée de changer d’angle de vue sur cette artiste noire, ayant plus de vingt ans de carrière et une popularité stable et globalement toujours aussi positive.
Ces mêmes personnes seront les premiers à demander grâce pour un(e) autre artiste avec une éthique de travail et une longévité inférieure. Pourquoi être enclin à accorder plus facilement une clémence à des individus qui visiblement, ne sont pas au même niveau que les meilleurs ? Les meilleurs se trouvent là où ils sont, car ils ne sont pas aussi indulgents envers eux-mêmes que la moyenne mondiale. Mais faisant partie d’un pourcentage minime, ils sont tout de même ceux que l’on blâme le plus du malheur et des complexes des autres, pourquoi donc ?
Pourquoi nombreux de ces réprobateurs sont-ils à ce point réticent à l’idée de regarder Beyoncé sous un nouveau jour et avec de nouveaux sentiments ? Peut-être bien parce qu’elle ne ressemble à aucun(e) autre artiste de l’industrie musicale actuelle, et que son succès et son ingéniosité sont des réussites convoitées par tous, mais connues par peu (d’entre eux) ?
Ce qui est absurde et génial à la fois, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être Beyoncé, pour connaître la réussite et atteindre ses propres objectifs. Et nul besoin d’être connu à l’international pour être considéré par ses pairs et être vu comme étant sur le chemin de la réussite. Ce sentiment est propre à chacun. Toutefois, la frustration de ne pas y arriver est malheureusement une chose que beaucoup d’entre nous ont connue et connaissent peut-être toujours. Même Beyoncé a dû passer par là ! Après tout, elle reste une humaine, bien que nombreux sont ceux qui semblent en douter et ne parlent pas d’elle comme telle.
Y a-t-il une seule bonne façon d’être excellent(e) ? L’excellence, doit-elle forcément être liée à l’amabilité, la disponibilité et l’impudicité ? Est-ce un dû pour tout le monde d’être contenté et pour la personne concernée de donner encore plus d’elle-même ? Même des parties qu’elle ne souhaite pas dévoiler ? Et ce, en tenant compte du fait qu’elle a déjà sacrifié énormément de sa vie personnelle pour sa carrière ?


UNE COMMUNICATION INEFFICACE ?
Vous l’avez constaté, nous sommes à l’ère des réseaux sociaux, d’Elon Musk, de l’Intelligence Artificielle et du quart d’heure de célébrité mondiale dont Andy Warhol parlait. C’est une ère à la fois fédératrice et émancipatrice, car nous avons la possibilité d’être notre propre porte-parole, notre propre porte-étendard. Et d’un côté plus fataliste, nous sommes à la fois la victime et l’élue des conséquences de nos propres actions. Notre réussite ne dépend pas uniquement de notre main, mais aussi de la façon que l’on décide de jouer ! Réussir grâce à quelques habilités informatiques peut faire croire à certains qu’il n’existe qu’une bonne façon de faire les choses. Il est facile de se croire roi ou reine d’un empire dont la stabilité dépend principalement d’une bonne connexion Wi-Fi. Un événement isolé, même bien rentabilisé ne permet pas d’affirmer avec exactitude si une campagne publicitaire est efficace et pérenne. De plus, ce n’est pas parce que vous n’êtes pas sensible à une forme de communication, que cela veut dire qu’elle n’a pas atteint le public visé, ou qu’elle n’est pas qualitative.
Premièrement, il faudrait savoir être capable de faire la différence entre adaptabilité, qualité et efficacité. Trois choses totalement différentes, mais néanmoins nécessaires pour la réussite d’un business. Et même lorsque ces trois éléments sont correctement aspectés, un échec peut tout à fait pointer le bout de son nez. Mais plus rarement que souvent. Il faut en plus d’une bonne stratégie marketing, fréquemment un budget important, une marque avec une identité forte, une imagerie et une égérie à laquelle le public peut s’identifier ou s’amouracher.
En addition de tout ceci, et j’irais même jusqu’à dire que c’est le point le plus important de tous ceux que j’ai cités jusqu’ici, il faut un public réceptif et dénué de tout ressentiment pour le créateur de la marque. Il [le public] faut qu’il soit d’accord avec le fait de tenter l’expérience de la découverte et qu’il soit apte à fournir une évaluation correcte des produits proposés. Or, nous avons pu le constater avec Beyoncé, cet aspect-là n’est pas chose gagnée avec sa marque Cécred.
BEYONCÉ DOIT-ELLE UNIQUEMENT SE CONTENTER DE FAIRE DE LA MUSIQUE ET RIEN D’AUTRE ?
Il est plus facile de boycotter une marque de produits pour cheveux qu’un artiste et ses musiques. Pourquoi ? Parce que nous ne vivons pas dans un salon de coiffure, ni dans un magasin de produits cosmétiques. Tandis que notre bibliothèque musicale a littéralement pris résidence dans notre poche. Un petit coup de mou au moral et que faisons-nous presque tous ? On joue cette chanson qui nous redonne tout de suite de l’énergie et qui en plus de cela nous rappelle une époque heureuse de notre enfance. Et hop ! Tout va tout de suite mieux dans le meilleur des mondes.
On peut plus facilement et plus longtemps résister à l’envie de s’acheter du matériel et des produits dont il est possible de trouver des dupes. Soit parce qu’on manque d’argent, soit parce que notre intérêt n’a pas assez été piqué. Mais cette envie de vivre des expériences mémorables et grandioses sera toujours plus forte que tout. C’est pourquoi même les haters se précipitent pour acheter leurs places de concert. Ce qui finit par occasionner des embouteillages d’au minimum 30 minutes sur ticketmaster.
« Monday, I’m overrated, Tuesday on my dick »
Quel que soit le projet annexe auquel Beyoncé décide de se consacrer, elle sera toujours gagnante. Car depuis plus de vingt ans elle perfectionne son art et elle le fait avec amour, abnégation, générosité et passion. Ce sont des sentiments qui ne mentent pas. Un vrai public de mélomanes ressent quand l’artiste qu’il apprécie se moque de lui ou non. Même un projet artistique avec peu de ventes, peu de distinctions honorifiques et dont on parle peu, peut tout de même avoir un public de niche satisfait, fidèle et reconnaissant. Le temps, le dévouement, l’analyse, la passion et l’inspiration seront toujours les maîtres-mots d’un travail de qualité. Le talent saute souvent aux yeux, ce qui a le don de provoquer un mouvement de recul chez les moins aguerris ; tandis que la médiocrité, elle, a tendance à créer un engourdissement.

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