Le 12 octobre 2019, Alix Mathurin et Leïla Sy dévoilent sur la plateforme de streaming, Netflix, leur dernier film en commun intitulé : Banlieusards. Porté en amont par trois singles au moment de ça sortie ( » Tuer un homme » featuring Lacrim, » les yeux mouillés » featuring Youssoupha & » A qui la faute ? » featuring Orelsan), le long-métrage, vécu, écrit, pensé et réalisé par le rappeur Kery James lui-même, 41 ans, représente comme il l’a dit « 30 ans » de sa vie. 30 années racontées en un peu plus d’une heure trente de film, est-ce assez ? est-ce réaliste ? tombe-t-on dans le cliché ou dans des amalgames maladroits ? De mon siège de spectateur, je ferai de mon mieux pour donner mon analyse la plus détaillée et la plus complète possible de ce film. Alors, la banlieue raconté par un (ex?) banlieusard, ça vaut quoi ?
avant-propos : (avertissement SPOILER) ⚠️ Afin d’être la plus claire possible dans mon argumentation, je vais explicitement parler et évoquer quelques scènes. De ce fait, pour éviter tout malentendu, je vous invite à regarder l’oeuvre en question avant de lire cet article.
J’aime le cinéma ! Analyser et décortiquer une oeuvre, c’est analyser et décortiquer une partie des cerveaux des réalisateurs et scénaristes. Oui, à mes heures perdues je suis chirurgienne cinématographique et d’œuvres artistiques en général. C’est pourquoi, dans la bienveillance, je ferais en sorte que mes critiques, dus à ma propre compréhension du film, ne soient pas mal formulées.
B A N L I E U S A R D S
___J’AIME 👍
Le titre du film ! Le mot « banlieusards » qui en temps normal à une connotation péjorative, ici après visionnage, s’entend et se comprend comme un mode de vie, un état d’esprit, ni négatif (Soleymaan), ni positif (Demba), au final comme un peu partout. Egalement, en lisant ce titre on suppose que le film dévoilera certaines façons qu’a la vie en banlieue d’altérer ses habitants et leurs proches.
Le choix des acteurs ! Des acteurs connus et moins connus du grand public s’échangent les répliques. Le fait que Kery James joue le rôle d’un élément perturbateur dans le film, m’a plu. On le voit sous les traits d’un personnage violent et violenté par les mêmes maux dont il parle dans ses raps. Ils ont tous au moins une scène dans laquelle je les ai trouvés excellents. Il y a néanmoins quelques passages durant lesquels j’ai trouvé que la partie théâtre prenait le dessus sur la partie cinéma, mais cela ne m’a pas pour autant retiré un quelconque plaisir lors du visionnage du film.
Le scripte !! Il est l’un des points vraiment fort du film. Aucune parole n’est placée au hasard. Ça va de la mère qui prononce le mot » gentleman » avec un accent très français, du grand frère qui donne comme conseil au petit de » frapper le premier « , aux adolescents qui parlent comme des adultes, spécialisés dans les casses. Y avoir aussi intégré des dialogues dans la langue natale de la mère, donne ce côté » comme à la maison » auquel pas mal peuvent s’identifier qu’importe la langue parlée.
La problématique/thématique du film !! : » L’État est-il seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France ? « . Le débat est lancé.
MES SCÈNES FAVORITES
6. Soulaymaan (jammeh diangana) et noumouke (bakary diombera) se dispute sur le TROTTOIR, quand tout a coup Soulaymaan pousse son petit frère au milieu de la route et celui-ci manque de se faire percuter par une voiture.
5. Samir très énervé car il vient tout juste déchapé à une tentative de meurtre. J’ai trouvé le jeu de Dali Benssalah incroyablement juste.
4. Quand Demba rencontre sali pour lui donner ses 25 000 euros et qu’au final ce dernier se retrouve la bouche en sang sur le bitume.
3. Soulaymaan qui improvise un slam à propos du passé colonial de la France dans sa chambre, Tout en s’adressant à son reflet dans le miroir.
2. Mort de Demba : La réaction de son frère et celle de Samir, qui s’agite de plus en plus paniqué autour de lui, Écartant les passants trop curieux. Et le drone qui garde la caméra fixé sur cette scène tout en montant de plus en plus haut dans le ciel, donne l’impression qu’il s’agit de l’esprit de Demba qui s’en va.
1. Le concours d’éloquence. Leur jeu d’acteur est tout particulièrement bon durant cette scène. Durant ce passage du film, j’ai eu l’impression qu’ils s’adressaient à moi, derrière mon écran. Dans cette scène, on se rend compte du pouvoir des mots. MAGNIFIQUE !
CE QUE JE DÉPLORE
Que le film soit peut-être un peu trop tourné vers le choix, » être ou ne pas être tel est la question… » au lieu des conséquences qui ont mené à ce dilemme-ci en particulier. Pour être plus claire, j’aurais voulu avoir plus de détails sur des événements passés de la vie de la mère et de celle de Demba. Certes, des éléments de réponses concernant certaines interrogations que l’on se serait posées durant le film, sont implicitement fournis aux téléspectateurs, mais pas assez expliqués à mon goût. Même s’il est aisé de deviner une poignée d’événements antérieurs (à l’époque du film), qui aient pu leur arriver, j’aurais aimé connaître quelques ressentiments ou sentiments des personnages concernant, par exemple : la mort du père, comment est-ce qu’ils sont arrivés dans cette cité etc). Ça aurait apporté je pense, une autre conscientisation.
En conclusion : J’ai trouvé le film à la fois subtil (pour des raisons que je conçois) et trop subtile, mais bien pensé et très bien écrit. Je pense qu’au-delà d’évoquer certaines situations en banlieues, comme : les dilemmes, les peurs, les doutes, tuer ou être tuer etc. Kery James nous pousse à nous poser à nous-même les bonnes questions, faire preuve d’introspection. C’est un bon démarrage en tant que réalisateur et acteur pour notre cher rappeur Kery James, accompagné de Leïla Sy, scénariste.