Peur et illégitimité

Est-il nécessaire d’avoir à dire quelque chose,
pour prendre la parole ?
Plutôt, est-il nécessaire que l’autre trouve intéressant
ce que nous avons à dire pour daigner prendre la parole ?

Je vous la pose cette question, à vous
qui hésitez à l’ouvrir quand un énième lui n’a guère peur
d’élever la voix, afin de faire connaître pour la cent
et unième fois ses pensées.

Qu’est-il nécessaire de dire,
pour ne pas à avoir honte de parler ?

Quelque chose de drôle ?
Quelque chose d’intelligent ?
Quelque chose de distrayant ?
Ou bien, quelque chose de scandaleux ?

Mais tout ça, selon qui ?
Quels sont les critères ?

Vous savez, je pense que pas même une langue gangrenée
ne devrait s’amputer du droit de parler.
Pas même face aux brûlures qu’inflige le mensonge et
ce même en dépit de la toxicité de l’autre.
Mais entre ce que je pense qu’il serait plus juste de faire
et ce qui se fait, il y à un monde.
Un monde régi par : craintes, exigences, doutes, préjugés,
autres, anxiété etc.

Alors, pourquoi moi ?

Pourquoi devrais-je prendre le risque d’être mal comprise
dans le but de mieux me faire comprendre ?
Est-ce que, ce risque en vaux la peine ?

Peut-être que oui, peut-être que non.
Mais, je sais ce que ça fait de ne pas prendre ce risque.
Alors je le prendrais !
Car cette muselière que je m’impose à moi-même,
Me cause plus de tords que de biens.
Que ces maux coincés dans mon larynx m’en soient témoins.