TU VAS REUSSIR À TRAVERSER ÇA !
J’ai décidé d’écrire cet article suite à la mort de la jeune Dinah, une adolescente qui s’est suicidée dans la nuit du 4 au 5 octobre 2021. Sa mort est une piqûre de rappel que j’aurais préféré ne jamais recevoir, mais malheureusement Dinah n’est pas la première à commettre cet acte et j’ai bien peur qu’elle ne soit pas la dernière. Donc, tout d’abord, je tiens à transmettre mes condoléances à ses parents, son frère, sa famille et ses amis. Je suis réellement bouleversé par votre perte, je vous envoie mon courage pour pouvoir traverser cela même si cela risque d’être impossible. J’aurais aimé avoir été présente pour elle quand elle était au plus bas. J’espère qu’elle est en paix là où elle est. Dinah ! Tu ne seras pas oublié !
Je suppose que si tu as cliqué sur ce lien, c’est que toi aussi, tu dois être victime de harcèlement ou que tu connais quelqu’un qui en est victime, peut-être même es-tu un harceleur. Cet article est dédié à tous ceux qui sont affectés de près ou de loin par ce fléau et qui cherchent un peu de réconfort et des réponses à leurs questions. Que ton calvaire est lieu à ton école, sur ton lieu de travail ou même à la maison. Je vais me placer à la fois en tant que victime et conseillère, car moi aussi, j’ai subi ce genre de chose en primaire et au collège. Ce n’était pas aussi extrême que pour certains, mais mon vécu reste une source d’inspiration, qui je l’espère, pourra servir au plus grand nombre d’entre vous.
Je n’ai pas de diplôme spécialisé dans ce domaine, je ne suis pas psychologue, ni sociologue, ni thérapeute et ni psychiatre. Juste une jeune femme de 25 ans qui a maintenant assez de recul, de maturité, d’honnêteté envers elle-même et je pense de vocabulaire pour parler de ça. Tu le constateras au fil de ta lecture, je vais utiliser des mises en situations très crues et réalistes, pas uniquement dans le but de choquer, de prévenir ou de dénoncer, mais surtout, car je pense que les jeunes et les moins jeunes victimes de harcèlement, manquent cruellement de « repère miroir » si je peux dire. C’est-à-dire de personne capable de les rassurer sur leurs pensées et leurs agacements face à ce type de situations. Je ne dis pas que cet article va comme par magie soulager toutes les victimes de harcèlement, néanmoins s’il peut éviter ne serait-ce qu’à une personne de commettre un acte irréparable, il s’agira pour moi d’une petite victoire. Je ne suis pas toute-puissante, cependant mon envie premier reste de toucher et d’aider le plus de concernée possible, donc si tu penses que cet article est susceptible d’aider un de tes proches, n’hésite pas à le lui partager.
ETAPE 1 : FAIRE FACE A LA SITUATION
Il n’y a pas vraiment d’étape numérotée que tu dois « absolument » traverser quand tu vis un harcèlement. Toutefois, s’il y a bien une chose que tu n’as injustement pas vraiment le choix de faire, c’est : accepté la situation. Je sais, ça fait mal de lire ça. Qu’importe ce que tu as fait ou ce que tu n’as pas fait pour que ces gens te harcèlent, le fait est qu’ils/elles le font. Ok ! Maintenant, que tu as réalisé que ce qui t’arrive est vrai, tu dois mettre en place un plan d’attaque/d’auto défense. Je ne dis pas d’harceler les harceleurs, mais tu as appris malgré toi à bien les connaître, qu’est-ce qui selon toi les fera cesser, sans pour autant que tu te mettes en danger ? Tu as peur de passer à l’action, c’est ça ? Oui, je sais ! Je suis passée par là aussi. Tu as peur que ça n’empire et que ta défense se retourne contre toi. Logique ! Mais, réfléchis deux secondes, cette ou ces personnes ont décidé de t’harceler pour x ou y raison(s). Donc elles sont parties du principe que tu es inférieur et que tu ne mérites pas d’être traité comme un humain. Elles se sont faites leur propre opinion de toi (qu’elle soit vraie ou fausse) et ont décidé de faire payer pour un crime que tu n’as pas commis.
Que leur problème soit ton orientation sexuelle, la couleur de tes yeux, tes origines, ton handicap, une parole que tu as dite de travers, tes bonnes notes, ta beauté, un membre de ta famille ou tout simplement un vêtement qu’elles/ils n’ont pas apprécié te voir porter, toutes ces raisons, ne sont pas des bonnes raisons pour harceler quelqu’un ! D’ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait de bonnes raisons d’harceler quelqu’un, surtout quand on est au collège ou au lycée et que la priorité devrait être les études. Je veux dire, objectivement parlant à cet âge-là, on se cherche, on fait des erreurs, on est mal à droit… bref on est jeune et souvent immature. Mais ce n’est pas parce qu’on est con, qu’une bande de mecs soi-disant populaire au lycée, a le droit de faire du mal ! Garde ça en tête.
Tu sais, il y a une phrase que je comprends, mais qui selon moi est utilisée dans ce cas de façon abusive et qui est à la limite du nocif, particulièrement pour les victimes de harcèlement, et cette phrase, c’est : « Éduquez vos *insérer adjectif* » ! Alors, oui ! L’éducation est primordiale absolument, mais à cet âge-là, non seulement il faut savoir réprimander les jeunes, les éduquer, mais surtout les sanctionner ! Je ne donnerais pas des exemples de sanctions, car là n’est pas la question. Mais qui n’a pas peur de causer du mal comme un « adulte », devrait ne pas avoir peur de prendre ses responsabilités comme un adulte. Le bien et le mal sont des notions qui par chance nous sont instinctives. En grandissant, on en apprend plus grâce à l’éducation de nos parents, grâce aux discours des maîtres et maîtresses d’école, parfois de bons documentaires et émissions nous permettent de nous faire notre propre avis sur ce qui est bien ou mal. Cependant, il y a quelque chose de magique qui permet à toute personne de savoir si ce qu’elle fait (à quelqu’un) est bien ou mal. Vous voulez savoir ce secret ? C’est simple, il suffit d’écouter et si la personne en face exprime un mécontentement, cela veut dire qu’elle veut que la chose en question s’arrête, un point c’est tout !
En 2021, je refuse de croire que les jeunes harceleurs sont tous privés d’internet, de parents, de proches, d’amis, de livres, de documentaires, ou tout simplement de bon sens, capable de leur faire entendre raison ! Parce que oui, la méchanceté ne découle pas toujours d’une mauvaise éducation (des parents), ceci est totalement faux ! Dès le plus jeune âge, certains n’hésitent pas à abuser de leur pouvoir de persuasion face aux plus faibles, sensibles et naïfs. Doit-on blâmer les jeunes d’être naïfs, de ne pas savoir prendre le dessus face à des situations délicates ? Oui et non !
Mais à l’adolescence, on a souvent peur des adultes, la peur d’être réprimandé, incompris et de malencontreusement aggraver la situation alors, on ne fait rien ! Mais à tous les jeunes victimes de harcèlement qui me lisent, votre vie, votre santé, votre paix et votre futur est important, et vous devez le prendre en main maintenant ! Même si vous vous sentez abandonné par ceux qui sont censés vous venir en aide alias les adultes, vous vous devez à vous-même de vous maintenir en vie et de vous prouver à vous et à vos harceleurs, qu’ils ont choisi la mauvaise personne à harceler.

Fais-toi confiance, fais confiance à ton instinct et sois objectif avec toi-même. Peut-être qu’effectivement tes harceleurs sont plus forts et ont plus de pouvoir que toi sur les autres camarades et que du coup, personne n’ose lever le petit doigt pour venir t’aider. Mais, utilise tes capacités mentales, ruse de stratégies pour aller de l’avant. Je ne dis pas ça pour être méchante ou pour te dire que tu es faible, mais il s’agit de ta vie, tu penses vraiment ne rien valoir ? Crois-moi, c’est faux !
Néanmoins, je te rassure ! La faute reste dans le camp des méchants. C’est eux qui choisissent de déverser leur colère sur toi. Alors que, soyons tous objectifs deux minutes, entre toi et tes harceleurs, qui de vous est censé être le plus en colère ? Toi qui te fais harceler pour des raisons stupides ou eux qui t’ont choisi comme bouc émissaire ? On est d’accord que c’est toi, qu’importe ce qui se passe chez eux. C’est à leurs parents de veiller sur leur bien-être intérieur, pour faire en sorte que ce genre de chose n’arrive pas ! Et pourtant, tu es là et tu prends sur toi du mieux que tu peux pour ne pas exploser. Et même si tu décidais d’exploser et te mettant en colère, qui pourra te regarder dans les yeux et te dire que tu n’as pas raison ? C’est un sentiment humain, et s’emporter quand on vit des choses très compliquées au quotidien, c’est tout à fait naturel.
« Ne fais jamais rien dans la colère : hisserais-tu les voiles dans la tempête ? »
— Gilles Corrozet / Jean de la Fontaine
ETAPE 2 : DENONCER
Ça ! C’est la partie qui fait peur. Sincèrement, je pense qu’il est préférable de pointer du doigt les harceleurs, car ils doivent assumer, et que cela peut servir à d’autres de savoir qui est/a été telle ou telle personne. Mais bon ! Ça ne marche pas toujours comme ça. Si vraiment, tu as peur des représailles, demande à changer d’établissement, demande à déménager, demande à rester à la maison. Crois-moi, quand il s’agit de ta propre vie, redoubler ce n’est pas une fin en soi. Parles-en avec tes parents, un adulte de confiance, tes réels amis ou un enseignant en qui tu as confiance.
La vie est injuste ! Mais ça, tu dois déjà le savoir. Tu n’auras pas tout ce que tu veux, et la vie ne te donnera pas toutes les bénédictions que tu (penses) mérites (mériter). Ça fait mal, c’est extrêmement énervant, mais c’est ainsi. J’en ai pleuré et j’en pleure encore à mon grand âge (haha). Mais un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! Libère-toi maintenant, au lieu de repousser la chose. Je ne suis pas là pour te dire ce que tu veux entendre. Je suis là, car je suis extrêmement triste pour toi et que je sais ce que tu ressens. Parfois, on peut dire quelque chose de vrai à quelqu’un, mais tant qu’il/elle n’est pas prêt à l’entendre, ça n’aura pas d’effet. Je ne suis pas là pour te mentir, car ta vie compte pour moi, même si je ne te connais pas ! Pourquoi ? Parce que je suis hypersensible, parce que je porte toute la misère du monde sur mon dos, parce que je hais l’injustice, parce que pour moi, les enfants sont des trésors que beaucoup d’adultes ont malheureusement délaissés. Je ne suis pas parfaite, mais je suis aimante. C’est débile mais pour moi, vous êtes tous un peu mes enfants. Si je sais des choses, mais que je ne vous les transmets pas, alors j’ai failli à mon devoir de mère.
Quand il s’agit de sa santé, de son bien-être mentale la vérité n’est pas toujours bonne hôte. Parfois, on ne la connaîtra jamais. Tu ne sauras surement jamais pourquoi ton camarade, ton collègue, ton frère ou ta copine te déteste tant. Je sais ! C’est frustrant, mais c’est ainsi. Et crois moi, j’ai beau cherché, je n’ai pas trouver une seule raison sensé de détesté son prochain. Spécialement quand celui-ci ne nous a fait aucun mal. Après, au fil de ta vie, de ton histoire tu vas surement rencontrer des gens que tu vas à ton tour ne pas aimé, voire détester. Dans le monde actuel il y a tellement d’histoires entremêlés, de guerres, de non-dits qu’ils est extrêmement compliqué d’être neutre, et ce n’est pas ce que je cherche à t’inculquer. Au contraire ! C’est mieux d’avoir des positions, un avis et des principes, ça te sauvera ! Mais quand on regarde l’ensemble du tableau, pourquoi se montrer qu’on se hait les uns les autres ? C’est donner des raisons à l’autre de nous faire du mal, et on ne pourra pas jouer l’étonné quand il y aura un retour de baton. Bref ! C’est une histoire sans fin. Et la plus importante est la tienne. Que décides-tu ?
Je ne te dis pas de vivre dans un tissu de mensonge ! Quand tu seras prêt mentalement, que tu auras plus de connaissances et plus d’expériences de vie, tu auras un avis plus clair sur ton passé et certaines informations viendront d’elles-mêmes à toi et tout ce que tu ne comprends pas maintenant tu le comprendra dans quelques années. En attendant, dans certains cas « futiles », un placebo, n’a jamais fait de mal à quiconque.
Si ce qui peut te faire survivre à ton harcèlement, c’est de te dire qu’ils sont bêtes, pense le ! Si c’est autre chose qui te soulage, penses-y ! Choisi ton « mensonge » et vis avec, jusqu’à ce qu’une vérité vienne frapper à ta porte. Mais ne va pas la chercher de toi-même, c’est peine perdu dans ce genre de cas ! La jeunesse c’est tellement important. Je te le dit en toute honnêteté. Ça craint parfois d’être adulte. Surtout quand tu n’ai pas l’adulte que tu pensais devenir. Donc, pense à toi et à ton futur. Fais de ton mieux !
« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. »
— Gilles Corrozet / Jean de la Fontaine

TU PENSES AU SUICIDE ?
Effectivement, si personne ne t’aide à cesser ton malheur, c’est une pensée légitime. À ton âge, (pour rappel, j’ai 25 ans) on croit que tout va durer éternellement. L’une des choses les plus tristes dans le harcèlement, c’est qu’il a des chances pour que les personnes qui te harcèlent, ne te détestent même pas. Ce n’est pas toujours vrai, mais il est possible qu’elles le fassent juste pour se sentir puissantes et parce qu’elles ont senti que chez toi une « faille ». Tout ça pour dire que, des gens qui ne te connaissent pas (pareil pour ceux qui te connaissent également), ne doivent pas décider de si tu mérites de vivre ou non.
J’ai beaucoup trop souvent pensé à la mort, tu sais. Ça m’arrive encore beaucoup trop aujourd’hui. Et quand ça va mieux, j’ai honte d’avoir eu ces pensées et de les avoir exprimés. Car il faut savoir que je suis une *cry baby*. J’ai les larmes qui coulent facilement, mes sentiments sont rapidement mis à l’épreuve et je déteste contenir mes émotions. C’est plus fort que moi, il faut que ça sorte. Je n’ai jamais été complexé, d’avoir été triste, en colère ou bizarre face à autrui. Si ce n’est pas ton cas, reste comme tu es dans ta zone de confort, je ne cherche pas à faire de toi une mini version de moi. Juste à te dire qu’être à bout ça arrive à tout le monde ! C’est vraiment quelque chose que je n’arrive pas à faire, avoir honte de mes sentiments. Ou cela m’arrive très très rarement.
Cela fait mal de penser à se suicider. Surtout quand on y pense quotidiennement. On est là et on se dit « Peut-être bien que je ferai mieux de mourir ». Et il faut un sacré courage pour oser mettre fin à sa propre vie, mille fois plus qu’il n’en faut pour harceler quelqu’un. Ça fait peur d’y penser sérieusement, d’être persuadé que la douleur ne s’arrêtera jamais, d’avoir l’impression d’avoir atteint sa limite, d’avoir l’impression que ses semblables ne nous comprennent pas, d’être traité comme un(e) moins que rien. Quand tout va mal, l’idée de la mort devient notre paix. Je sais ce que c’est que de détourner chaque objet de sa fonction et de se demander : « Comment est-ce que je pourrais utiliser telle ou telle chose comme une arme contre moi-même ? ». Parfois, je me surprends à regarder des poutres et à me demander si elles pourraient supporter mon poids si je décidais de me pendre à l’une d’elles. Quand c’est comme ça, on s’éloigne peu à peu de notre entourage, de ceux que l’on aime, de ceux qui font un peu l’effort de nous comprendre, persuadé qu’ils ne nous aiment pas et qu’on est un fardeau pour eux. Et il n’y a pas une fois où l’envie de mourir a été si forte, mais que j’ai tout de même réussi à ne pas franchir le pas, et où je n’ai pas eu l’impression de me trahir après coup. Me trahir moi, ou plutôt ma peine et ma colère. « Attends, t’es sûr que tu souffres ? Pourquoi tu ne t’ai pas encore tué alors ? C’est que ça va bien ! » que je me dis. C’est dingue, comme le cerveau est doué pour l’autoflagellation et l’autodestruction.

J’espère que ta lecture a été enrichissante et surtout motivante. Ce n’est pas du tout un sujet facile à aborder, j’ai fait du mieux que j’ai pi. J’insiste encore auprès des plus jeunes : Ne vous laissez pas influencer par le paraître. Votre vie n’est pas finie, si untel a fait telle ou telle chose. Bien sûr, il y a des exceptions et toujours des cas extrêmement graves qui méritent des attentions toutes particulières. Néanmoins, tout en ne prenant pas à la légère ce qui vous arrive, ne vous arrêtez pas de vivre pour autant. Je sais que ce n’est pas facile, et si vous n’avez absolument personne à qui vous confier, je suis là. Je ferais du mieux que je peux pour vous soulager. Mais allez voir un professionnel, que soit votre médecin traitant, la psy de votre établissement scolaire ou à appeler des numéros verts, créés spécialement à cet effet. Ce n’est pas la honte ! Je vous souhaite de tout cœur de retrouver le sourire !
3018 : La ligne d’appel nationale des situations de cyberharcèlement. Net Écoute est le numéro vert national de prise en charge des victimes de cyberharcèlement à l’école.
3020 : Numéro vert gratuit (Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h). C’est une première étape dans la prise en compte de vos difficultés et peut-être déjà des pistes pour trouver une solution.