
Dans l’objectif : Nicolas G.
Existe-t-il meilleur endroit pour rencontrer un artiste, cinéphile et amoureux de l’image qu’un complexe cinéma ? Je ne crois pas ! C’est justement dans ce lieu plus qu’approprié que j’ai eu la chance de « rencontrer », mais surtout d’en apprendre plus sur Nicolas, un jeune photographe amateur antillais, pour qui l’amour de l’image et du cinéma est arrivé par surprise il y a de ça presque 10 ans.
Qui est-il ? Que signifient ses passions pour lui ? Et quelles sont ses inspirations ? Plongez avec moi dans son univers.
Quelques secondes suffisent pour constater l’importance qu’accorde Nicolas à l’esthétisme et à l’image. Scroller sur sa page instagram revient à se prendre une virulente vague de douceur. Vague martiniquaise bien sûre, car son île d’origine y est présente sous pratiquement toutes ses formes ; De jour comme de nuit, à la mer ou à la montagne, en temps carnavalesque ou lors d’instants plus solennels. Telle une effeuilleuse, elle se montre à lui comme s’il était le seul être en qui elle avait confiance, et il le lui rend bien. Nicolas voit ce que le commun des mortels ne voit pas, et ce pour notre plus grand plaisir oculaire.
« Je vois la photographie comme un hobby que je pratique pour mon plaisir personnel. Je ne me trouve pas encore assez doué. Bien que lorsque l’on me sollicite pour faire des portraits, je prends mon rôle au sérieux. » me dit-il.
Pourtant, la magie est bel et bien au rendez-vous. Il y a quelque chose de très poétique dans ses clichés. Et bien qu’il n’y est pas de feed coordonné, pas de dégradé de couleurs, pas d’unique choix de style de photos, l’émotion transperce l’écran pour toucher sans difficulté le spectateur ! Et c’est cette douceur qui m’a fait tomber sous le charme de son compte Instagram (@niccolace).

Nicolas se décrit comme étant « minimaliste ». Je trouve en effet que c’est un trait de caractère qui transparaît bien à travers ses clichés, mais également dans sa façon d’être en vrai. Nicolas semble simple… mais pas pour autant inintéressant ! Quant à ses photographies, elles sont efficaces, sans superflues et elles ont souvent l’air d’avoir été capturés (pour ne pas dire voler) à ses models, qu’ils soient du genre humain ou non d’ailleurs. Comme s’il savait l’instant précédent au cliché, que tous les éléments seraient présents pour une excellente photo.
On pourrait croire du contraire pourtant ? Bien que chaque artiste soit unique, un photographe semble à priori être un être perfectionniste et extrêmement soucieux des détails. Et bien que minimaliste ne veuille pas pour autant dire laxiste, je trouve assez surprenant que la photographie, puisse réussir à une personne se définissant comme tel. Quoi qu’il en soit, Nicolas nous prouve que l’un n’empêche pas l’autre.
« Il faut savoir être patient », m’explique-t-il. Et en effet, la patience, qui est une vertu à avoir (ou à travailler) lorsque l’on veut se lancer dans ce travail. Il faut également être un minimum organisé, car ne pas l’être peut se ressentir sur le rendu final. Le model ne fait pas tout, le photographe ne fait pas tout, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Même le chaos en photo, est un grand bordel organisé. C’est pourquoi être photographe, même amateur, ce n’est pas chose facile ! Il faut apprendre à fusionner avec la nature et/ou son environnement de sorte à transformer des éléments qui pourraient se révéler être perturbateurs, en éléments favorables à la situation.
DE L’ODYSSÉE DE PI , À LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY EN PASSANT PAR DRIVE ET BLADE RUNNER 2049.


Vous savez ce que le compte @niccolace ne révèle pas sur son propriétaire ? Sa passion première qui est : le septième art. Car celui qui de base était destiné à un avenir scientifique, s’est vu inopinément happé par la beauté suggestive de l’image grâce au film d’Ang Lee L’odyssée de Pi (sortie en 2012), alors qu’il n’avait que 14 ans. C’est à partir de là, que va débuter un marathon cinématographique, qui l’a mené à voir à ce jour un total de plus de 600 films ! Et sur ces centaines d’œuvres, cinq au total vont sortir du lot, dont trois (en plus de L’odyssée de Pi) majeurs.
Premièrement, nous avons le film Drive ! Pour Nicolas, ce film coche toutes les cases. L’émotion ? Check ! L’image ? Check ! La B.O ? Check ! Le script ? Check ! Les acteurs ? Check ! Je ne l’ai pas encore vu, mais il m’en a donné l’envie pas vous ? C’est décidé ! Je mets ce film dans ma watch-list.
À la question : « Quel est le film dont tu aurais aimé être le directeur de la photographie« , Nicolas me répond sans hésitation : « Blade Runner 2049 ! Car tu peux mettre pause à n’importe quel moment du film, l’image sera forcément sublime. »

Voilà une autre ironie. Pour ce jeune homme a priori simple, lorsque vint mon ultime question : « Quel est le film qui te représente le plus ? La version de toi en film ? » Et qu’il se met alors à me raconter le synopsis de La vie rêvée de Walter Mitty (que je n’ai pas encore eu l’occasion de regarder), je ne pus m’empêcher de penser qu’il n’y a absolument rien de simple à être prêt à parcourir l’Atlantique pour prendre un cliché. Au contraire ! Je vois là une personne prête à tout pour atteindre ses objectifs, même aux choses les plus extrêmes. Mais peut-être y voit-il une simplicité là-dedans ? Du style : « Si je le veux, je fais tout pour l’obtenir ! Simple » ? À vrai dire, je l’ignore et je m’en veux un peu de ne pas avoir un peu plus approfondi cet aspect-là de sa personnalité. Toutefois, rien n’est perdu ! Certainement, aurai-je une autre occasion, lors d’une prochaine entrevue ? Quand il m’annoncera qu’une de ses photos a été sélectionnée pour faire la couverture d’un magazine. C’est en tout cas tout le mal que je lui souhaite.



«PATIENCE, PERSÉVERANCE ET SINGULARITÉ»
Voilà ci-dessus les trois qualités qu’un photographe doit posséder selon Nicolas. À noter également que ce dernier a pris des cours de photographie afin d’améliorer sa technique au SERMAC. C’est une entreprise locale martiniquaise d’Activités et Événements culturels, offrant également la possibilité de participer à divers ateliers. Au cours de notre discussion, Nicolas m’a également précisé qu’il lui a fallu un certain temps avant de s’habituer aux regards des autres dans la rue. Car effectivement, être photographe de rue, c’est prendre le risque de s’exposer et d’être « vulnérable » en quelque sorte.
Et s’il y a bien autre chose, qui n’est pas facile à faire lorsque l’on est photographe (amateur ou non d’ailleurs), c’est de savoir donner un prix à son travail ! De ne pas avoir peur d’imposer une rémunération. Cette partie-là, bien sûr ne s’applique pas uniquement dans le cadre de la photo. Cependant, il est primordial de ne pas être impressionné par ses propres compétences et surtout de se faire confiance.






